West Highland Way – Jour 6

17 mai 2015
Kingshouse – Kinlochleven 14km
« Oreilles de cochon. »
La nuit a été bonne. J’ai récupéré et le moral est remonté. J’ai eu un peu chaud mais je ne peux vraiment pas me plaindre.
La journée commence par une pente douce. On peut apercevoir au loin de gros nuages menaçants. Ils sont bien lourds et un voile gris qui annonce la pluie, peut être même de la grêle, couvre le fond de la vallée. Les masses noires descendent d’entre les montagnes et je vais sûrement me les prendre dans la tronche. J’accélère gentiment pour essayer d’arriver à la prochaine montée, ainsi je pourrais peut être atteindre le col avant la pluie. Mais je rêve un peu…
J’arrive au pied de la montée. Je fais une pause pipi et snickers. Il y a pas mal de monde qui passe. J’entame l’ascension. La pluie a commencé à tomber. Elle est très légère mais continue. Plus on grimpe et plus le col se précise. Une brume couvre le sommet. De nombreux randonneurs montent plus vite que moi. Ils n’ont pas 17kg sur le dos ! J’ai un peu peur qu’une fois en haut ce soit embouteillé. Finalement je suis chanceux car le troupeau est passé devant moi et je me retrouve quasiment seul.
J’arrive enfin au sommet. Passer le col me fait penser au film « Le Seigneur des Anneaux ». Gandalf et toute sa clique franchissant les montagnes. La prochaine fois je demande à un hobbit de m’accompagner. 


On pointe l’arête du chemin et on découvre, au fur et à mesure que l’on arrive en haut, le sublime paysage qui apparaît devant nos yeux. C’est splendide. La pluie s’est arrêtée. Il y a un cairn avec de nombreuses pierres posées dessus. J’en profite un petit temps car je suis seul.

Je repars et je vais entamer « les marches du diable ». Sur la carte inspectée la veille, le chemin montrait ce passage avec un fort dénivelé. Avec ça on rajoute le nom de la passe, et on se dit qu’on va mourir bêtement dans une rando… Mais finalement rien de tout ça.
Je descends sagement. Le chemin est quand même bien humide car les pluies ont creusé des sillons où l’eau s’écoule. J’ai les pieds trempés. Il y a même un passage assez difficile où je dois sauter avec mon sac sur le dos à travers un torrent ! Ceci dit on peut voir les monts enneigés au loin.

Le reste du chemin est plutôt casse-gueule jusqu’à atteindre la route. Je croise plus tard l’allemand qui ne cause pas et par miracle il ne me cause toujours pas plus…
J’arrive assez tôt à Kinlochleven. Je regarde le premier camping mais il ne me convient pas. Je continue en ville, je bois un thé dans un grand pub et je retire un peu des tunes car l’hôtel m’a séché ! Je me dirige vers le deuxième camping qui est à la sortie de la ville, tout proche de la WHW.
Je décide de poser ma tente au MacDonald campsite. C’est très joli. Un hôtel et des bungalows font partis du site. Une fois installé je décide d’aller au bar. C’est une vaste pièce avec des tables sur les côtés ainsi que deux canapés qui entourent une cheminée au milieu de la salle. Elle n’est pas allumée car il est encore tôt. Environ 16 heures. Je prends un thé, écrit dans mon carnet et Vincent et Mélanie arrivent. On discute un peu comme à l’habitude. Janina arrive également. Je vais manger un bout et je reviens pour me prendre un whisky au bord du feu. Un peu déçu car la place est prise par des randonneurs. Vincent et Mélanie sont encore là, ils discutent un peu avec Janina et je me joins à la conversation. Deux allemands très gentils, croisés quelques fois sur le chemin, se joignent à nous également. On rigole, on blague sur ce trail. Je pense que c’est sans doute la dernière soirée que je les vois. Je sais que sur le chemin nous n’avons pas le même rythme et les mêmes horaires du coup je prends ces derniers moments comme un petit bonheur accompagné de nostalgie. Je pense également à Jennifer et Mike qui m’ont été d’un grand soutien pendant la marche. Ils m’ont demandé, tous les jours, comment j’allais et si ma cheville s’arrangeait. Pour finir je goûte des oreilles de cochon grillées. Plat Ecossais. Je vous laisse imaginer le goût !
Enfin je vais me glisser dans mon duvet. Je pense à ce point final demain. Je l’ai fait ce trail. Moi qui voulais abandonner plus d’une fois. Ca en valait la peine.