L’Ecosse, la West Highland Way. Une grande randonnée de 151 km. L’une des plus connues en Ecosse. Si je me souviens bien, je pense à l’Ecosse un an avant. Une randonnée en solitaire pour être proche de la nature. C’est ce que j’imaginais à ce moment là.
Quelques fois j’ai marché dans les Pyrénées, trois ou quatre jours, avec mon père et des amis. Je me souviens de ces montagnes et ces grands espaces, avec très peu de personnes sur le chemin. Je me suis imaginé la WHW un peu plus peuplée mais je pensais conserver un semblant de solitude dans la marche. Finalement je me suis trompé et je n’étais pas seul sur le chemin. Ce fût une marche faite de rencontre et c’est un de mes meilleurs souvenirs.
12 mai 2015
Milngavie – Drymen 19 km
« Sous le hululement du hibou »
Le temps est gris pour le départ mais sans pluie. La veille je suis arrivé à Glasgow avec un joli soleil. J’espère les jours suivant plus cléments. Je suis dans le train en route pour le point de départ Milngavie (prononcé Mingaye) et après 20 min de trajet je descends et je retrouve le centre-ville. Tout est clairement indiqué. On ne peut pas se tromper.
Je rentre chez Iron Chef pour me procurer une cartouche de gaz. La vendeuse est très aimable. C’est un peu ce que sont les Écossais. Très agréables, très aimables et amicaux. Elle me glisse, avant que je quitte la boutique, une pub pour le « transport » de bagages sur la WHW. Je trouve ça décalé sur le coup, car je suis venu randonner. Ça comprend le sac et tout ce qui va avec. Plus tard, sur le chemin, je repenserais à ce « transport » de bagage. Je porte 17 kilos environ, avec l’eau, et de temps en temps on aimerait ne rien porter.
Je sors, j’achète du pain et je le fourre dans mon sac. Je cherche le départ de la route 5 min. Je me rends compte que là où j’avais mis mon pain dans mon sac c’était le départ ! Un grand écriteau avec « West Highland Way » ouvre le chemin. Si je commence à me perdre alors que je ne suis pas parti, ça démarre bien !
Le départ est joli. Des bois avec un tapis de jacinthes pendant 2 km. Je croise des promeneurs avec leur chien (on reste encore près de la ville.) Je croise un peu plus tard, à un petit mémorial en pierres, 4 dames. Je les salue. Sur le chemin je remplis ma gourde dans des sources claires. J’y ajoute un micropur de peur de me chopper un truc pas agréable en voyage,un truc qui te fait t’arrêter et courir derrière un buisson. J’ai un camelbak de 2 litres mais je remplis ma gourde qui fait à peine 450ml. J’ai peur d’être trop chargé avec 2 kilo en plus. Je m’arrête souvent pour remplir ma gourde… Je changerai plus tard et j’utiliserai mon camelbak.
Le chemin est plutôt plat pour le début. Quelques montées ici et là mais rien de bien méchant. Le chemin est ponctué de barrières pour éviter que les moutons se barrent. A l’une d’elle je recroise les 4 dames que j’avais rencontré avant.
Vers midi je m’arrête grignoter un morceau de pain et du saucisson. Une pluie fine m’accompagne pour le déjeuner. Je suis derrière un talus qui longe la route. Les marcheurs passent mais ne me voient pas. Il y a de plus en plus de marcheurs. Là où j’ai décidé de m’arrêter, je tombe sur une tête d’oiseau. La chair est encore accrochée dessus mais par petits bouts. J’hésite à la prendre pour la nettoyer. Pourquoi ? Je ne sais pas trop… Finalement je la laisse sur place et je reprends le chemin.
La pluie fine continue. J’arrive à un pub/snack bar pour les randonneurs. Dumgoyne. J’hésite un peu, car il pleut et un thé et une pause me ferait du bien. Après 2 minutes de réflexion je repars car si je commence à m’arrêter partout, je ne finirai jamais.
Le soleil apparaît ! Mais disparaît quelques minutes plus tard pour laisser place à une pluie qui me force à m’arrêter sous un arbuste. C’est ça le temps Écossais. Soleil et pluie qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus.
Je repars et m’arrête de temps en temps pour l’eau. C’est finalement assez pénible car je bois beaucoup. Je ne veux pas être déshydraté – ce qui m’est arrivé une fois dans les Pyrénées. Je décide de remplir mon camelbak mais à un lieu sûr, pas dans une source. Plus loin il y a un point d’eau indiqué sur la carte. Arriver au lieu je ne trouve rien. C’est quatre cinq maisons qui longent une route. Le lieu est charmant mais rien pour remplir. Une dame rentre chez elle et je lui demande si elle sait où se trouve le coin pour remplir ma gourde. Elle me propose gentiment de la remplir. Je lui donne ma petite gourde pour ne pas la déranger avec mon camelbak.
Le chemin commence à être long car c’est un passage sur du bitume. Mes pieds commencent à me dire que ça ne va pas. Les ampoules apparaissent et le dur de la route n’arrange pas les choses. Je m’arrête plus souvent. Je regarde ma carte pour voir où se trouve l’endroit où je compte camper. Il me faut de l’eau si je veux pouvoir être tranquille et cuisiner mais il faut que je fasse un petit détour sur Drymen.
En allant sur Drymen je croise un couple de randonneurs et une randonneuse solitaire. Plus tard je les recroiserai et on fera connaissance. Arrivé à Drymen je m’arrête à un pub. L’endroit est cosy. Une dizaine de places, le plafond est bas, c’est chaleureux, typique. Je prends un thé au comptoir et les 4 dames arrivent. On discute quelques minutes et je leur explique que je campe plus loin. Elles restent à Drymen et ne vont que jusqu’à Balmaha. C’est une randonnée de deux jours. « Have a nice walk » sont mes derniers mots pour ces dames. Je crois que c’est ça la WHW. Des rencontres et des discutions brèves, cordiales, amicales. Je remplis mon camelbak et je pars pour le campement.
J’ai 3 kilomètres à faire avant le campement mais c’est dur ! Les douleurs du premier jour de randonnée apparaissent ! Les ampoules arrivent ! Je ne trouve pas le campement et je décide de m’arrêter avant. Un petit lieu pas loin du chemin, sous des immenses pins ce qui me protégera légèrement du vent qui souffle fort ! Je pose ma tente, mange, visite un peu le coin. Après tout ça je me rentre dans ma tente. Il est assez tôt (19h30) et je m’ennuie légèrement. Je n’ai pas la force d’écrire ou de lire. Je m’écoute un podcast mais le temps est un peu long. D’un coup, quelque chose frôle ma tente. C’est très vif! Il y a un reniflement. Mon cœur s’emballe et je me demande ce que c’est. Un aboiement. Ouf! C’est un chien. Je sors la tête de la tente et j’aperçois le maître sur le chemin.
Je m’endors et passe la première nuit. J’ai un peu froid et c’est une nuit en pointillés. D’ailleurs il ne fait pas vraiment nuit. Je m’attendais à une nuit noire mais on y voit clair sous la tente. Comme si un lampadaire était à proximité. Durant la nuit j’entends un hibou. D’abord un peu loin puis je l’entends se rapprocher. C’est un des moments que j’apprécie. Il doit être posé sur une branche au dessus de ma tente, il est tellement proche. Je ne sais pas de quelle espèce de hibou il s’agit. Il y en 3 espèce en Ecosse. Finalement je me rendors jusqu’au petit matin.